vendredi 29 octobre 2010

Voici encore une fois Crispinus ; j’aurai à le faire souvent comparaître, ce monstre qui a tous les vices et pas une vertu, ce débile qui ne montre de vigueur que dans la débauche, cet adultère qui ne dédaigne que les veuves. Peu importe que ses portiques soient assez vastes pour y fatiguer ses chevaux, qu’il se fasse porter en litière à l’ombre d’épaisses forêts, qu’il ait acheté près du forum palais et jardins ! Aucun méchant n’est heureux ; à plus forte raison un suborneur qui est en même temps sacrilège, avec qui naguère couchait une Vestale qu’il exposa donc à être enterrée vivante.

11-24. Il s’agit aujourd’hui de fautes moins lourdes. Si le coupable était un autre que lui, on l’aurait traîné devant le Censeur des moeurs. Mais ce qui serait une honte chez des hommes de bien, Titius ou Séius, est chez Crispinus une jolie peccadille. Qu’y puis-je, si le personnage est pire que le pire des crimes ? Pour un mulet, il a déboursé six mille sesterces ; c’était un poisson de six livres, à en croire les gens qui savent enfler l’extraordinaire. Je l’approuverais, s’il avait voulu faire ce cadeau pour être inscrit en tête sur le testament d’un vieillard sans enfants, ou s’il avait fait porter la bête chez telle riche matrone qui se promène en litière fermée de vitres. Mais non, il a acheté le mulet pour lui-même. Que de folies il nous faut voir, que n’a jamais faites le pauvre, le frugal Apicius. Et c’est toi qui les fais, Crispinus, toi qui jadis t’habillais de ces vêtements de papyrus qu’on fabrique dans ton pays ?

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